Goguette du 6 mars 2006


Requiem pour Villepin

Texte de Stan

Sur l’air de « Tel qu’il est »

 

J’avais rêvé d’être cet homme

Providentiel de la nation

Et v’là qu’après l’ référendum

On m’a nommé à Matignon

Les autres, avant moi, c’étaient des nuls

Aucun d’eux n’avait de particule

Vous allez voir c’ que c’est qu’ l’action

Sitôt que je s’rai en fonction.

 

D’abord, tout azimut

Sans qu’ personne ne discute

J’ légifère

Je m’attaque aux gens chiches

Je bichonne les riches

Sans m’en faire

Tous les sondages

Me mettent sur un nuage

Dès que j’ m’affiche en string

Dans tous les magazines

J’ fais la nique au nabot

Vu qu’ j’ suis ach’ment plus beau

C’est ainsi que tel que j’ suis

J’ m’applaudis

 

J’ai eu l’idée sensationnelle

De créer un nouveau contrat

Histoire de mettre à la poubelle

Les avantages du salariat

Car pour bien relancer la machine

Faut savoir s’aligner sur la Chine

Mettre en place un Code du travail

Tel qu’on l’applique à Shanghai

 

Mais voilà que des gueux

Critiquent mon CPE

C’est pas d’ bol

Et plus monte le chômage

Et plus dans les sondages

J’ dégringole

 

J’ suis à la peine

Et tout l’ monde se déchaîne

Sur mon comportement

Même dans mon propre camp

Pourtant c’est pas d’ ma faute

C’est rien qu’à cause des autres

Moi j’avoue que tel que j’ suis 

J’ m’applaudis

 

Voilà qu’en plus une grippe aviaire

Sème la terreur dans les maisons

A tel point que même ma rombière

Ne veut plus mettre son vison

Tandis qu’ moi pour rassurer les foules

J’ vais dans les campagnes parler aux poules

D’accord, ça m’ change pas des caus’ries

Qu’ j’ai avec Alliot-Marie.

 

Mais depuis quelques jours

J’ dois l’avouer sans détour

Que je tousse

Je me sens tout fiévreux

Les ganglions en feu

C’ que je tousse

J’ai le teint terne

Et le moral en berne

Faut dire que je fais peur

A mon propre docteur

Une odeur de sapin

Me dit que c’est la fin

C’est ainsi que tel que je suis

J’ dépéris.


Papa c'était un jacobin

Texte de Bernardo et Marcelino

Sur l’air de « Belleville-Menilmontant » d’Aristide Bruant

 

Papa c'était un jacobin
Qui était presque stalinien
Et qu'avait son domicile
A Belleville

Dimanche avec la p'tit' famille
On répartissais de tracts
Aux hauteurs de la Courtille
A Ménilmontant

A Ménilmontant

L'luttait si tant qu'un soir
Il est mort sur l'trottoir
Dans la grève du textile
Indocile

 

On l'a mis dans d'la terre glaise
Pour un prix exhorbitant
Tout en haut du Pèr' Lachaise
A Ménilmontant

A Ménilmontant

Ma soeur est d’extrême droite
Et déteste les démocrates
Elle a le cerveau fragile
L’imbécile

 

Et question d’intelligence
Son mari en possède autant
J’ai perdu toute espérance
Oh quel animal !

Oh quel animal !

Dimanche je dois travailler
à la solde du PC
Les militants on les empile
A Belleville

On provoque les rancunes
Les élections approchant
Puis on quitte la tribune

Oh c’est indécent

Oh c’est indécent

 
C'est comm' ça qu'c'est l'vrai moyen
De dev'nir bon militant
On grandit sans s'faire de bile
A Belleville

On cri' : viv' le socialisme
On a l'coeur bath et content
Et l'on promu le boboisme
Ségolène Royale

Ségolène Royale


LES TEMPS MODERNES

Texte de Thomas

 

Sur la feuille de vigne ou bien celle d'oranger,

Glisse en aiguille une goutte d'eau salée,

Un monde porte sa peine et la rame d'olivier,

Coule dans la seine un temps qui est écoulé.

 

Sur sa rive marche au pas l'histoire tête basse,

Et son ombre funeste mange dans l'oubli,

Tous ses rêves de conquêtes qui prêchent les agonies,

De sombres apogées bâtisseuses d'impasses.

 

Et l'enfant reste seul et personne ne lui dit

Que la belle vache saigne et son sang dans la nuit,

Brille comme un diadème et perle sans bruit,

Sur le manque qui l'enferme et se ressert sur lui.

 

Nos visages restent clos de larmes incapables

Ne sachant choisir seul pourquoi fermer le poing,

Et on tue le véritable et on s'enivre de vains,

Danse donc mon pantin en rejoignant l'étable.


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